lundi 7 novembre 2011

Eva Zé Nam // No Rules Corp





Qui es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je suis Eva, dit Eva Zé (Nam), je suis d’origine perpignanaise. Je vis depuis 3 ans en région parisienne, ce qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur les possibilités artistiques de la rue. Je suis peintre plasticienne et, depuis 3 ans, j’interviens sur les murs des villes par l’intégration de personnages peints.


A quel moment as-tu connu (ou vu) tes premiers tags, graffes, pochoirs, collages ?
Mon admiration pour le travail d’Ernest Pignon Ernest a commencé dès le lycée, son travail in situ me fascinait... Pour moi, un des rois du “street art”. Plus tard, j’ai rencontré Sir (du collectif No Rules Corp), il m’a alors fait découvrir le monde de l’art de rue avec ses graffitis et ses pochoirs.


Est-ce que cela t’a donné envie de faire la même chose ?
Énormément, j’ai eu une soudaine addiction à cette démarche “extérieure”, j’ai m’y alors un peu de côté mes toiles d’atelier et produis maintenant à 80% pour l’extérieur. L’insertion de l’image dans un paysage, un contexte, un lieu, c’est en quelque sorte ouvrir les frontières de l’art. L’art ne se limite plus au support réduit d’une toile, il se développe à échelle humaine et plus encore.

Où as-tu « posé » pour la première fois ? Avec qui ? Et pourquoi as-tu eu envie de t’exprimer dans la rue ?
La première fois, c’etait à “Belleville zoo”, avec Sir. Mon personnage “Gripa” venait de naître de la bêtise des politico-médias, il fallait que je lui donne vie et ainsi  commencer la profusion de l’énergumène... Comme un virus, Gripa contamine, il prend à partir de ce jour différentes formes humaines ou non. Je trouve ça délire de poursuivre maintenant cette “histoire de Gripa”, j’aime imaginer ceux qu’il a pu contaminer... Récemment des pigeons : une vraie drogue de création.

Est-ce un passage obligé dans ta création artistique ?
Un passage en tout cas en rapport avec ma pratique d’atelier qui mêle collage d’affiches lacérées récupérées dans la rue, vieillies par le temps et personnages noir/blanc des années 50/60 dessinés. Je transpose alors en grand format mes personnages souvent en compagnie de « Gripa » pour une exposition gratuite en galerie à ciel ouvert...


Que penses-tu du graffiti ? Des « streetarteurs » d’un jour ?
Le graffiti est un art aussi noble que d’autre selon moi, car la technique des graffeurs est tellement bluffante, leur composition réfléchie et l’impact sur le public évident !

Peux-tu nous raconter ton histoire à partir du moment où tu as commencé ? En quelle année et dans quels endroits ? Qui as-tu croisé à cette époque ?
En gros le début de mes recherches plastiques et  artistiques ont commencé, il y a plus de 12 ans dans le sud de la France : Perpignan, Montpellier et Lyon. L’art de rue, j’ai commencé à peu près y a 3 ans, depuis j’ai rencontré un petit réseau sympa sur Paris comme Grégos, Kashink, FKDL, les Nice art, les UHU, Ender, Doze, Stew, Nowart… (ou encore Véronique Mesnager qui nous a bien soutenu…) !



As-tu « posé » à l’étranger ? Avec qui ? Et pourquoi ?
 “Le voyage forme la jeunesse et le regard “comme dirait un certain Tarek, on a besoin d’aller voir ailleurs et  d’investir d’autres paysages, univers, décors... supports. Mes derniers collages avec la No rules corp : Berlin, Grenade (Andalousie)…


Est-ce que tu vis de ton art ?
En quelque sorte oui et non, je suis professeur d’arts plastiques dans le 93, on pourrait dire que j’enseigne une réelle passion personnelle aux adolescents... Même si parfois c’est compliqué de passionner un ados de 14 ans...
 
Peux-tu nous donner quelques anecdotes ou des événements bizarres qui te sont arrivés ?
Récemment,une agréable et surprenante rencontre avec la police du 4e arrondissement… En pleine séance de collage nocturne, rue Rivoli, j’ai enfin compris que faire le guet ne servait à rien... Je pense que le fait d’être seule, de tourner la tête de droite à gauche et d'être dans la rue à cette heure si, pour une jeune fille, c’est louche !
Deux jeunes policiers arrivent alors vers moi et comprennent alors notre manège... Et blablabla... Les autorisations... Et nanana... Bref un grand sourire aux lèvres, je leur explique notre démarche “artistique” et l’un deux réagit en s’exclamant : « Ah ! C’est de l’art contemporain ! Bon, ben faite vite alors car ça reste quand même illégal »… Bizarre n’est ce pas de rencontrer des gens aussi sympas !

Interview // Tarek
Photographies // Batist

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