vendredi 6 avril 2012

Krem // DKP



A quel moment as-tu vu tes premiers tags et tes premiers graffs ?
J'ai découvert le graff à Berlin en 1985, j ai eu la chance de pas mal voyager (Lausanne, Rome, Londres, Slovaquie...). J’ai vu le tag et le graff envahir progressivement l’Europe jusqu’en 1989 où l’apogée fut pour moi la chute du mur de Berlin !
En 1988, le tag m’a pris dans ses filets. Accompagné de BOOSTER et DWAYNE de Saint Dizier, j’ai fait mes premières armes à la torche, encre de chine, sous le blaze BOSE.
En 1991, je suis revenu de Berlin avec un livre de Christian Bourguignon qui retraçait le graffiti sur ce mur ; j’ai aussi piqué Paris Tonkar à une amie (désolé Minch)… De là, je suis monté en pression et, à l époque d’Intox, mon blaze s'est vite transformé en SEBO. J’ai rencontré DOOK (DEKOR) et HANAH en 1992, avec lesquels on a fait le groupe RUC, puis DKP en 1994 avec ECHEK, KEOPS, ETOF, CHOC, BEN et SERA. On a abusé dans la street et on a accumulé les articles de presse et les plaintes contre nous. On s’est tous fait serrer en 1995... Étant surnommé « le taggeur fou » ; en fait le plus actif, j’ai pris 1 mois ferme plus 7 avec sursis.

Quel est ton pseudo depuis le début ?
SEBO puis KREM en 1995, question de lettres.

Peux-tu nous en dire plus ?
En 1995, changement de blaze à la demande de ma famille, ce fut KREM : là, je me suis concentré sur le lettrage et les fonds puis les persos. J’ai rencontré SHER (MAS SDN) qui a relancé la machine. Il est malheureusement décédé quelques années plus tard à Antibes en grimpant sur un wagon sous tension : Rest in peace Jimy !

As-tu peint des métros ou des trains en France ?
Joker !

Quel est selon toi le premier tagueur dans ta ville ?
Le premier dans la ville de Bar-le-Duc ? Je dirais GAVROCHE, moi et AKEO suivi du Basile Posse.






Quels étaient les endroits où l’on peignait au début ?
C’était dans la rue, dans les ruelles de la vieille ville et 2 ou 3 maisons abandonnées, qui sont vite devenues ma deuxième maison (rires). J’étais plus souvent là-bas à vider des Barannes et des Altona que chez moi.

Peux-tu nous parler de ton premier crew et de son histoire ? Quelle est la composition de celui-ci ?
Premier crew, le RUC, avec DOOK et HANAH : on avait une approche plutôt stratégique et illégale du graffiti. Il fallait qu'on soit présent à chaque coin de la ville. Après en créant le DKP (Dans Kel Position), on est passé de 3 à 10 et quand 10 acharnés taguent en même temps, ça fait un carnage... Après l’épisode du passage en justice, le crew s’est scindé en deux clans : les pépères et les actifs. Je suis passé APF (Attention Peinture Fraîche). J’ai commencé à faire de la fresque avec les APF, MOA, DOSE, SULO, KANCR, DEA2 ; du perso en 1997-98 après le passage des MAC à Nancy puis je suis parti 2 ans sur Nice. J’ai peint régulièrement avec les ATR, les PSN et B2C (j’ai eu la chance de profiter du « couloir » 2 X 400 mètres de voie rapide désaffectée : le paradis !). 


 En revenant dans l’Est en 2004, j’ai intégré l’association Spraylab qui cherchait un nouveau souffle et, avec Ali, GAST, SCHLOM et JAM, nous avons boosté les animations graff dans le département et les centres sociaux. Parallèlement, j’ai créé le BDG avec EXTAS, GAST et STAR. On a multiplié les fresques, les jams et les connexions tout en mettant en avant le hip hop et de nouveaux writers. En 2005, et suite à de nombreux plans payés, je me suis mis à mon compte en lançant une micro entreprise, j’en vis depuis. Après avoir fait rentrer PLISE et KIRFA, j’ai quitté le BDG en 2007, suite à une histoire ridicule de toyage qui m'a éclaboussé malgré moi. Pollution du graffiti, « jalous people », comme dirait Bates…




As-tu exposé en galerie ?
J’ai exposé récemment avec le Club Artistique du Barrois. J'ai d’autres plans expos en cours d’organisation, notamment dans le milieu de l’aérographie européenne.

Est-ce que tu vis du graffiti art ?
Je vis de la déco depuis 7 ans : une moitié grâce à la spray, l’autre moitié avec l’aérographie. Dans la pratique les décos sont très variées et ne sont pas toujours orientées « graffiti ». Pour répondre à la demande, je me suis diversifié, l’airbrush est plus propre et précis, surtout pour de petites surfaces et sur des supports vernis par la suite ; ça me permet aussi de bosser l’hiver ! J’apprécie d’autant plus quand je reprend la spray ! Le futur ? Faire de la prod pour exposer et peindre, peindre d'une manière ou d'une autre.

Peux-tu nous donner quelques anecdotes ou des événements bizarres qui te sont arrivés ?
Trop d’anecdotes... Tout cela est au chaud dans un mémoire que j’ai entretenu depuis mon premier tag : ça débouchera peut-être sur un bouquin, c’est une question de temps.





À ma famille, July, Polo, Manon, C. Bourguignon, CAB, Sulo, Tworode, Moro 974, APFamily, Gast, Kapes, Loots, Dicek2, Stratègie de Paix, Jam, Pato, Kancr, Stiankr, Fazer, Skio, Dia110, ACC, B2C, SDN, LeCercle, Kdr, Sadik, Soner, EE, ADN, JPP, LaSmala, L’Artmada, à tous les aérographistes et ceux qui savent, Sher, Gégé, mes clients et les futurs.

Interview : Tarek
Photographies : Krem